Inondations

L’augmentation de la température au Québec modifie le cycle de l’eau et le régime des précipitations. Selon Ouranos, l’intensification des périodes de pluies abondantes liées aux changements climatiques devrait accroître la fréquence des inondations en été et en automne. À l’inverse, les inondations printanières dans les grands bassins versants pourraient être atténuées en raison de la diminution du couvert neigeux. Toutefois, elles pourraient survenir plus tôt étant donné le dégel hâtif, une tendance qui devrait se poursuivre avec la hausse projetée des températures.

Quant aux inondations engendrées par le refoulement des canalisations municipales, elles pourraient être exacerbées par l’augmentation des événements de précipitations extrêmes en été et en automne, surtout en milieu urbain. Le ruissellement y est plus important en raison de la grande quantité de surfaces imperméables comme l’asphalte et de la surcharge des systèmes d’évacuation des eaux pluviales.

Les zones inondables représentent des espaces à risque d’inondations dû à leur faible élévation topographique et à leur proximité des cours d’eau. À l’heure actuelle, les zones inondables de l’ensemble du Québec ne sont pas entièrement cartographiées. Plusieurs cartes se basent sur des données tirées d’observations et d’événements passés. Elles ne répondent plus à la capacité de rétention des bassins versants et au régime des précipitations actuel.

Comment localiser les zones inondables?

  1. La carte interactive Géo-Inondations du gouvernement du Québec;
  2. La carte d’événements historiques répertoriés par la sécurité civile;
  3. La municipalité ou la MRC;
  4. Le certificat de localisation d’une propriété.

Selon une étude de l’Observatoire québécois de l’adaptation aux changements climatiques (OQACC), plus du quart de la population habitant en zone inondable ignorait qu’elle était localisée dans une telle zone en 2015. Quatre ans plus tard, cette proportion était de 21 %.

Les types d’inondations au Québec

  1. Inondation en eau libre : lorsqu’une rivière déborde de son lit, car elle reçoit trop d’eau au printemps lors de la fonte des neiges, mais aussi en été et en automne à la suite d’importantes précipitations. 
  2. Inondation par embâcles : découle d’une accumulation de glaces flottantes dans un cours d’eau plus étroit. Les glaces retenues créent une sorte de barrage temporaire faisant déborder l’eau en amont.
  3. Refoulements de conduite : résultent d’un débordement des réseaux de canalisation en milieu urbain. Ceux-ci surviennent souvent à la suite de précipitations intenses.
  4. Inondation ou submersion côtière : c’est l’inondation du littoral par la mer, lors de tempêtes maritimes et de fortes marées. Elle est exacerbée par le rehaussement marin et la diminution de l’englacement des côtes. 

Source : Ouranos

Impacts sur la santé

Bon an mal an, les inondations entraînent des conséquences très diversifiées sur la santé de la population, selon le degré d’exposition et la vulnérabilité des individus. Que ce soit lors de l’événement, de la phase de nettoyage ou du rétablissement, divers effets sur la santé peuvent survenir.

Impacts psychosociaux

Sans minimiser la gravité des effets physiques, les impacts psychosociaux des inondations touchent une plus grande proportion de personnes. Ils représentent ainsi la majorité des effets des inondations sur la santé humaine. Celles-ci peuvent détériorer le milieu de vie, perturber la vie sociale et accroître l’incertitude financière par les coûts matériels et les perturbations économiques qu’elles entraînent comme les arrêts d’emploi. Les inondations peuvent aussi obliger les personnes à vivre plusieurs mois hors de leur résidence. L’exposition à cet aléa augmenterait également la consommation excessive de drogues, d’alcool ou de médicaments et diminuerait le sentiment de sécurité et d’appartenance au milieu.
Tous ces effets peuvent accroître la prévalence des symptômes de stress post-traumatique, de dépression, d’anxiété et d’idéations suicidaires chez les personnes exposées. Les inondations peuvent laisser des séquelles à court et à long terme sur la santé psychosociale et mentale.

  • Plus de 7 000 interventions psychosociales ont été effectuées lors des inondations de 2011 au Québec.
  • En 2017, 67 % de la population de l’est de Montréal affectée par les inondations avait éprouvé un sentiment d’anxiété, des problèmes de sommeil ou des troubles de concentration, le pourcentage étant plus important chez les personnes évacuées.

Enquête sur les inondations de 2019

Une vaste étude menée dans six régions du Québec a démontré que quelques mois après les inondations, 44 % des personnes sinistrées présentaient des symptômes modérés à élevés de stress post-traumatique, 21 % de symptômes de troubles anxieux et 20 % de troubles de l’humeur. L’étendue des dommages semble associée à la probabilité que l’inondation affecte psychologiquement le ménage inondé (voir les figures). De plus, le manque de soutien social et financier accroissait la probabilité qu’une personne présente un trouble de santé mentale.

 

Les conséquences psychosociales des inondations peuvent résonner auprès de personnes indirectement affectées par l’aléa. Les personnes dont les activités quotidiennes ont été perturbées affichent un risque plus important de souffrir de problèmes de santé mentale. La rupture de l’accès aux services de santé et de services sociaux peut amplifier ces effets.

Par ailleurs, les impacts sur la santé mentale chez les personnes ayant vécu des inondations majeures ou un rétablissement complexe peuvent perdurer jusqu'à trois ans, possiblement plus. Toutefois, ceux-ci devraient se résorber plus rapidement pour une majorité des personnes affectées.

Une formation sur la santé mentale

Vous souhaitez soigner ou accompagner les personnes à risque de développer un trouble de santé mentale à la suite d’inondations? Visionnez le module La santé mentale et les sinistres d’origine naturelle intégré à la formation Changements climatiques et santé : des vagues de chaleur au stress post-traumatique. Pour y accéder, connectez-vous sur l’Environnement numérique d’apprentissage (ENA).

Blessures et décès

Les effets des inondations sur la santé physique incluent les blessures, les électrocutions et les décès. Des blessures surviennent quand les individus essaient de protéger leur résidence en manipulant différents outils, dont des scies mécaniques, pour abattre des arbres tombés ou en réparant ou en nettoyant leur domicile. Il arrive que les eaux de crue entraînent aussi des objets pouvant heurter des gens. Plus rarement, les inondations provoquent aussi des hypothermies et des noyades. Des décès se produisent lorsque des personnes utilisent leur voiture et se font surprendre par la montée soudaine des eaux. Le risque d’accident de ce type augmente lors d’inondations éclair.

Maladies

Une augmentation des problèmes de santé cardiovasculaires est observée lors d’inondations. Les complications associées au diabète, de même que les problèmes d’hypertension, s’accroissent également après le sinistre. Certaines personnes sinistrées avec des maladies chroniques peuvent voir leur condition s’aggraver si elles ont de la difficulté à se procurer leurs médicaments et à les prendre adéquatement.

  • Lors des inondations de la rivière Richelieu en 2011, les personnes exposées avaient 25 % plus de risque de subir un événement cardiovasculaire à la suite du sinistre.
  • Un sondage mené au Québec a révélé qu'au moins 15 % de la population ayant vécu une inondation rapportait avoir été incommodée sur le plan physique.

De plus, les inondations sont associées à une incidence accrue de maladies d’origine hydrique, de maladies vectorielles et d’autres maladies infectieuses. C’est le cas en particulier pour les personnes s’abreuvant d’un puits privé ou d’une source non filtrée. Les logements inondés sont aussi propices au développement de moisissures, de champignons et de bactéries qui augmentent le risque de développer ou d’aggraver des problèmes cutanés, allergiques, oculaires, respiratoires et gastro-intestinaux (p. ex. asthme, conjonctivite, otite).

L’utilisation non appropriée de sources alternatives de chauffage ou d’énergie lors de pannes de courant augmente les risques d’intoxication au monoxyde de carbone chez les populations sinistrées.

Évacuation

Les évacuations sont souvent ordonnées par les autorités publiques en cas de prévision ou de survenue d’inondations. En revanche, cette mesure d’adaptation n’est pas toujours sans conséquence.

Populations à risque

  • Personnes âgées
  • Enfants
  • Personnes vivant avec des problèmes de santé préexistants
  • Personnes à mobilité réduite
  • Personnes prenant des médicaments
  • Personnes défavorisées matériellement et sans assurance
  • Équipes de premiers répondants
  • Employé(e)s agricoles
  • Commerçant(e)s
     

Pour en savoir plus

Consultez nos publications pour accéder aux références dans ce texte :

Visionnez nos webinaires :

Consultez le site d’Ouranos pour connaître les liens entre les changements climatiques et les inondations :

Consultez le résumé du projet de recherche Casssiopée pour connaître les besoins, les défis et les forces des communautés lors de grandes inondations dans la région de Chaudière-Appalaches.

Documenter les impacts à la santé après un sinistre

Consultez notre Boîte à outils pour la surveillance post-sinistre des impacts sur la santé mentale. Publiée en 2019, elle s’adresse aux professionnelles et professionnels de santé publique, épidémiologistes, chercheuses et chercheurs qui voudraient documenter les impacts sur la santé mentale post-sinistre avec des outils standardisés, évalués et disponibles gratuitement.

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